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Pour atteindre les objectifs fixés par la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte, nos technologies doivent évoluer, tout comme nos modes de production et de consommation. De véritables mutations sont en cours, qu’il s’agit d’anticiper et d’orienter. D’où l’intérêt pour l’ADEME, avec l’appui de son Conseil Scientifique, de faire valoir ses compétences en matière de prospective et de lui faire une place croissante au sein de ses missions.

Dans ce même chapitre

La prospective au service de la recherche

Prévoir, mesurer, anticiper les effets économiques, sociaux, industriels, énergétiques, des futures transformations, c’est essentiel pour orienter la recherche en faveur d’une transition écologique dont nous tirerons tous les bénéfices. C’est la raison pour laquelle l’Agence mène des travaux prospectifs depuis plusieurs années. Études, scénarios, sur lesquels s’appuie l’État, et qui constituent une matière précieuse.

 

Les scénarios énergie-climat 2030-2050, constituent un exemple éclairant. Enrichis en 2017, ils mettent en lumière la nécessité d’infléchir les politiques publiques, confirment la possibilité de réduire massivement, d’ici 2050, les émissions de gaz à effet de serre et la consommation d'énergie finale. D’autres études sont venues compléter cette vision d’ensemble en 2018. Une étude exploratoire, intitulée « Un mix de gaz 100 % renouvelable en 2050 ? », montre qu'il existe un gisement potentiel théorique de gaz renouvelable pouvant répondre à une demande énergétique réduite en 2050, à condition de faire évoluer le système gazier et de développer la complémentarité entre réseau gaz et réseau électrique.

 

« Trajectoires d’évolution du mix électrique 2020-2060 », publiée en fin d’année, analyse quant à elle les résultats d’une optimisation économique du développement, entre 2020 et 2060, des différentes filières EnR intégrées dans le système électrique français, interconnecté avec ses voisins européens. Cette dernière étude, qui aborde les questions économiques (coût et opportunités) ou encore la place du nucléaire à long terme, s’intègre dans la contribution de l’ADEME à la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), dont le projet, présenté fin 2018 et actuellement en discussion, a pour vocation de constituer la feuille de route sur les 10 prochaines années, dans l’optique d’orienter les filières énergétiques françaises.

Financement de thèses à hauteur de 3 millions € chaque année

L’ADEME : opérateur objectif des pouvoirs publics

L’esprit qui guide la PPE, sa volonté de définir des orientations claires, établies sur la base d’une large consultation, coïncide avec les valeurs de l’ADEME. C’est pourquoi l’Agence avait tenu à nourrir le débat, organisé sur la PPE, entre mars et juin, par la Commission Nationale du Débat Public. En proposant notamment une trajectoire de transition énergétique ambitieuse mais soutenable par la société, via un Cahier d’acteur, publié sur le site de la CNDP. Pour atteindre ses objectifs, la loi sur la transition énergétique s’appuie aussi sur la stratégie nationale de la recherche énergétique, dont l’ADEME est co-secrétaire du comité de suivi. Volet énergie de la stratégie nationale de recherche, la SNRE est pilotée de sorte qu’elle puisse identifier les enjeux de R&D et les verrous scientifiques à lever tout au long de la chaîne d’innovation. Ses travaux ont en partie pris appui sur les feuilles de route stratégiques de l’ADEME ainsi que sur ses notes d’opportunité sur les marchés potentiels de différentes filières, élaborées pour orienter les appels à manifestation d’intérêt des investissements d’avenir.
En 2018, l’Agence a ainsi produit une feuille de route sur la manière dont les systèmes énergétiques territoriaux de demain, recourant davantage aux énergies renouvelables, utiliseront une diversité de vecteurs : l’électricité mais aussi l’hydrogène, le gaz ou la chaleur.

La recherche au service de la transition écologique

Un autre moyen d’orienter la recherche est bien sûr de la soutenir. C’est ce que fait l’ADEME à hauteur de 30 millions d’euros par an, avec des projets qui, en termes de maturité technologique, se situent plutôt en aval de ceux de l’Agence nationale de la recherche et en amont du PIA, permettant ainsi d’établir un lien entre les uns et les autres.

 

Mais la recherche passe aussi par de nouveaux modes de coopérations. C’est ce que proposent les ERA-NET, appels à projets établissant des réseaux de recherche européens et plus particulièrement d’ERA-MIN2, lancé en octobre 2018 pour contribuer à la sécurisation de l’approvisionnement de l’Europe en ressources minérales (primaires ou secondaires) tout en veillant à leur gestion durable. L’appel à projets comprend 5 thèmes : l’exploration et l’extraction minière, la conception de nouveaux produits plus efficaces et économes en matières premières, des procédés de production innovants à faible impact environnemental ; des procédés de régénération et de recyclage, un thème transverse concernant les aspects économiques, environnementaux et sociétaux.

 

Autre type de recherche innovant : les projets de recherche participative, qui associent experts et citoyens. Audacieuse et convaincue que ce modèle est à expérimenter, l’ADEME a lancé cet été CO3 1, son premier appel à projets du genre. S’adressant aux chercheurs et organisations de la société civile qui souhaitent s’engager ensemble dans un processus de co-construction de connaissances, favorisant la transition écologique et solidaire, l’initiative suscite l’adhésion puisque plus d’une centaine de candidats ont déposé un dossier. Les projets COFERTI et ODYSEYEU font partie des 17 lauréats retenus. Le premier vise à mieux connaître les sols des jardins collectifs urbains en tant que socio-écosystèmes ; le second a pour objectif de prévenir les risques liés à l’érosion des dunes sur l’île d’Yeu.

 

A ces projets de recherche s’ajoutent bien sûr les thèses que l’ADEME cofinance chaque année à hauteur de 3 millions d’euros : 52 bénéficiaires en 2018, dont les travaux portent sur la pollution de l’air (plus d’une thèse sur quatre) et la bio-économie (une sur cinq), mais aussi sur la ville durable, l’énergie, l’environnement et la société ou l’économie circulaire.
Enfin, la recherche s’inscrit bien évidemment dans une logique internationale. C’est ce qui a conduit l’Agence à poursuivre son implication dans l’initiative Mission Innovation de la COP21, aux côtés du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, visant notamment à assurer, avec l’Inde, le leadership au niveau international de la thématique de l’innovation pour l’accès à l’énergie en Afrique.

 

1. Co-Construction de Connaissances pour la Transition Écologique et Énergétique.

Éolien offshore : une solution pour atteindre l’autonomie énergétique pour les départements d’outre-mer en 2030. Une ambition forte pour laquelle l’ADEME met à disposition sa dimension prospective.

L’autonomie énergétique des départements des zones insulaires à l’étude…

La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte a fixé comme objectif l’autonomie énergétique des départements d’outre-mer d’ici 2030. Objectifs ambitieux, plus élevés qu’en métropole. L’électricité constitue un enjeu particulier, les coûts d’approvisionnement en électricité de ces zones insulaires non interconnectées au réseau électrique étant importants. La longue intégration des EnR, en forte croissance, doit aussi être préparée. L’ADEME mène des études pour évaluer comment le mix électrique pourrait contribuer à l’autonomie énergétique d’ici 2030 sur 6 ZNI 1. Elles se veulent un outil d’aide à la décision pour les instances locales, notamment pour lever les freins techniques au développement des EnR. Les résultats, finalisés pour la Réunion, la Guadeloupe et la Martinique permettent de dresser quelques constats : un mix électrique 100% EnR adapté aux particularités de chaque territoire y est techniquement possible, mais difficilement réalisable pour 2030. Accompagné d’une politique de maîtrise de la demande d’énergie, limitant la sollicitation des potentiels EnR, il devrait permettre une baisse du coût de l’électricité pour ces territoires.

 

1. Réunion, Guadeloupe, Martinique, Mayotte, Guyane et Corse.

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