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De la COP 24…
Si l’Accord de Paris, adopté fin 2015, était constitué d’objectifs ambitieux, les États ne s’étaient pas entendus sur la manière concrète de les atteindre. L’urgence, réaffirmée cette année, notamment à l’occasion du récent rapport du GIEC, a continué à mobiliser les parties prenantes. Après 3 années de négociation, l’ensemble des règles d’application ont été définies et adoptées. La dynamique a finalement tenu.
Membre de la délégation française, l’ADEME participe aux négociations, notamment à celles relatives au transfert de technologies vers les pays en développement. Justifiant de son expertise, l’Agence a participé à l’ensemble des COP dont celle qui s’est tenue fin 2018 à Katowice ; COP plus importante qu’il n’y paraît puisqu’elle a permis d’adopter de nouveaux objectifs financiers, suite au désengagement américain. L’Agence s’y est impliquée au sein du Comité exécutif de la technologie (TEC), « bras politique » chargé d’orienter les travaux de la COP et des pays en développement, mais aussi au sein du Centre et réseau sur les technologies climatiques (CTCN), « bras armé » chargé de fournir aux pays en développement une assistance technique. En marge de ce volet officiel, beaucoup d’acteurs non étatiques se sont aussi mobilisés. Leurs initiatives ont été partagées lors de side events, dont trois organisés par l’ADEME ; sur l'accès à l'énergie, le dispositif ACT, l'éclairage public dans les pays en développement.
…aux rendez-vous non étatiques
L’Agence s’est associée à plusieurs initiatives non étatiques, dont l’Alliance solaire internationale, Climate Chance Afrique, le Sommet mondial de l’action pour le climat et le Programme d’Efficacité énergétique du Bâtiment (PEEB).
Lancée lors de la COP21, l’Alliance solaire internationale a tenu son 1er sommet en mars 2018 à New Dehli. Cinq programmes y ont été lancés, notamment pour financer le solaire à plus grande échelle. Créé lui aussi lors de la COP 21, le PEEB est un programme franco-allemand mis en œuvre par l’ADEME et ses partenaires 1, sous l’égide de l’Alliance mondiale pour les Bâtiments et la Construction. Son objectif : déployer 1,2 milliard d’euros d’investissement d’ici 2022 pour financer des projets d’amélioration de la performance énergétique des bâtiments à grande échelle dans une dizaine de pays émergents et en développement. 5 pays sont à ce jour partenaires : le Mexique, le Maroc, le Sénégal, la Tunisie et le Vietnam.
Le Climate Chance Afrique est quant à lui générateur d’échanges prolifiques. Ayant réuni plus de 500 élus et ONG africaines du 28 au 29 juin à Abidjan, pour préparer la COP 24, il a permis la conception de propositions et d’une dizaine de feuilles de route, dont deux avec l’aide de l’ADEME : « Bâtiments et Construction durables » et « Accès à l’énergie et efficacité énergétique ».
Un Club et un Salon pour valoriser la « French Eco-Tech »
Promoteur des éco-entreprises, le Club ADEME International est un réseau des plus utiles pour ouvrir les portes des marchés internationaux, faciliter les échanges, ouvrir des perspectives. Pour aider les 140 entreprises qui l’ont intégré à prospecter, l’ADEME a publié un catalogue Export, recensant leurs activités, leurs références et leurs contacts. Le Club, aux côtés de l’ADEME, était représenté par 8 entreprises au Sommet mondial de l’action pour le climat de San Francisco. L’innovation française a ainsi pu être présentée à plus de 4 000 entreprises et collectivités locales du monde entier. L’ADEME a également valorisé l’expertise française, au-delà du Club, lors du Salon international Pollutec, dont la 29e édition s’est tenue à Lyon, fin novembre 2018.
Des solutions innovantes sur tous les continents
Objectif du PEEB : déployer 1,2 milliard d’investissement d’ici 2022
Au-delà de ce rayonnement international, l’ADEME intervient aussi directement pour encourager l’innovation dans le monde entier.
C’est le cas sur le continent africain, où l’ADEME s’investit de longue date. Sur les neuf projets 2 sélectionnés en 2018 pour développer l’accès à l’énergie sans réseau à l’étranger, la majorité d’entre eux repose sur le photovoltaïque et tous se déploieront en Afrique, à l’instar du projet EMPER 3 au Togo, qui a pour ambition d’implanter des kiosques solaires offrant des services énergétiques, tout en soutenant l’entreprenariat local, grâce au leasing. Ces projets sont certes importants pour ces territoires, ils le sont aussi pour le fleuron français. Ce que l’on constate, au regard de l’intérêt suscité, auprès des start-up notamment, tout nouveaux acteurs à se positionner, ou des 80 dossiers laissés de côté. C’est parce que certains d’entre eux méritaient d’obtenir des financements que l’ADEME a organisé le 7 juin, une journée dédiée.
En faveur du climat, les initiatives se multiplient elles aussi. 13 villes africaines ont été choisies par la Commission européenne pour bénéficier d’un financement et d’un accompagnement technique en vue d’élaborer un Plan Climat et une opération vitrine. Pour aider chaque ville à franchir ces étapes, l’ADEME a co-organisé des ateliers. Parce que les besoins de méthodologie et d’outils concrets sont forts et que rien ne se fera sans animation ni concertation.
L’ADEME déploie aussi son action sur le continent asiatique. Des partenariats scientifiques et techniques se sont poursuivis au Japon comme en Corée, dans le cadre des accords de coopération. Un accord a été signé en Chine, concernant la ville de Wuhan (8e plus grande municipalité de Chine), sur le thème de la ville durable, avec l’objectif de gagner jusqu’à 25 % d’efficacité énergétique dans certains bâtiments.
Très impliquée en Europe – implication qu’elle souhaite renforcer – l’ADEME échange avec ses partenaires en permanence. En marge des accords bilatéraux qui la lient à ses homologues européens, l’ADEME intervient via des réseaux tels que le Club EnR. Ce réseau européen d’agences nationales a publié en 2018 un « position paper » sur la précarité énergétique et s’est penché sur de nombreux sujets, dont l’information des citoyens sur la rénovation énergétique, le benchmark européen de l’ADEME sur le stockage électrique ou la création d’un observatoire européen de l’énergie.
De nombreuses initiatives ont en outre été déployées avec l’Allemagne, comme un Innovation day pour le bâtiment à Berlin ou le financement d’un smartgrid transfrontalier entre la Sarre et la Lorraine, ainsi que des jumelages entre collectivités pour protéger le climat.
1. L’ADEME, l’Agence française du développement (AFD) et l’organisme allemand GIZ.
2. Appel à projets : Solutions innovantes pour l’accès à l’énergie hors réseaux – ADEME – Mai 2018.
3. Projet porté par la PME française Benoo Energies en partenariat avec des entreprises et ONG togolaises, la Région Nouvelle Aquitaine et une société belge.
BRÈVES
MEDENER : sud énergique
Selon le scénario de transition énergétique à l’horizon 2040 réalisé par MEDENER 1, l’ADEME et l’OME 2, la demande d’énergie primaire du Sud pourrait augmenter de 85 % d’ici 2030. Augmentation notamment liée à la croissance du marché de la climatisation. Aussi, MEDENER a mis sur pied un projet3, soutenu par la Commission européenne, pour augmenter la part des énergies renouvelables et l’efficacité énergétique dans la région. En charge d’un volet sur la création d’un réseau d’experts sur la prise en charge des politiques publiques, l’ADEME mobilise son savoir-faire pour mettre en place un observatoire sur l’efficacité énergétique, déployer des bâtiments bas carbone et des équipements innovants. L’Agence a en outre renouvelé ses Trophées de l’adaptation au changement climatique en Méditerranée 4. Il s’adresse aux collectivités locales, aux universités, aux agences publiques, aux ONG, aux entreprises en association avec des acteurs locaux, qui œuvrent en faveur de l’adaptation au changement climatique de l’aire climatique méditerranéenne.
A Genève, un air sans frontières
Depuis le 30 janvier 2018, Suisses et Français travaillent ensemble pour préserver la qualité de l’air du Grand Genève, grâce à un protocole d’accord transfrontalier unique en Europe, PACT’Air, qui se traduit par 14 actions concrètes et novatrices : mise en œuvre de la circulation différenciée en cas de pic de pollution à l’échelle du franco-genevois, expérimentation d’une voie réservée au covoiturage à la douane de Thônex-Vallard, identification et surveillance côté français des installations de chauffage au bois non performantes. Objectifs : diviser par deux les oxydes d’azote (NOX) et diminuer les particules fines de 18% d’ici 2030.
1. Association méditerranéenne des agences nationales de maîtrise de l'énergie.
2. Observatoire Méditerranéen de l’Energie.
3. Mitigation Enabling Energy Transition in the Mediterranean Region.
4. Trophées ADEME, avec l’Union pour la Méditerranée, le Plan bleu et l’Agence des villes et territoires méditerranéens durables (AViTeM).