Arnaud Leroy, Président de l'ADEME
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Parce que l’ADEME est l’Agence de la transition écologique, elle se doit d’être aussi celle de toutes les transitions qui concourront à la déployer le plus largement possible. La longue liste des sujets sur lesquels nous intervenons dorénavant est là pour étayer ce constat. Il y a certes les métiers que l’on pourrait qualifier d’historiques, mais les choses ont foncièrement changé. Mobilité, plan hydrogène, finance climat, numérique, feuille de route économie circulaire et préparation de la suite législative, alimentation durable, consommation responsable et demain, adaptation au changement climatique. Liste non exhaustive !
Encore une fois l’Agence a su s’adapter, et être au rendez-vous des nombreux chantiers à entreprendre afin d’apporter sa pierre à l’édifice, à savoir, la neutralité carbone en 2050, annoncée dans la stratégie nationale bas carbone par le Gouvernement. Le tout en poursuivant sa mission auprès de ses nombreux partenaires. Les 32 pages de ce rapport illustrent à souhait ces interdépendances et la transversalité des enjeux de la transition écologique.
Forts de notre connaissance et de notre présence sur l’ensemble du territoire, métropolitain comme ultramarin, ancrage fondamental auquel je suis très attaché, nous avons poursuivi et même accentué notre travail de partenariat avec les collectivités afin de les accompagner dans ce chantier de la transition, devenu également au fil des ans un enjeu de cohésion territoriale.
Avec l’adoption de la stratégie collectivités, l’Agence s’est dotée d’une véritable feuille de route, co-construite avec les acteurs concernés, pour amplifier l’action des collectivités, sans qui, nous en sommes convaincus, rien de concret ne pourra se faire.
La « métropolisation » du territoire, l’impact de la création des grandes régions depuis la loi NOTRe, qui s’accompagnent à chaque niveau de nouvelles prises de compétences, imposent une nouvelle posture de l’Agence ou encore des nouveaux modes d’intervention. Cette stratégie procède surtout de notre volonté de dépasser le cercle de nos partenaires territoriaux habituels, ces collectivités pionnières sans qui rien n’aurait pu voir le jour, mais qu’il faut absolument élargir. Cette ambition peut se résumer ainsi : pas de zones blanches pour la transition écologique !
L’Agence a su s’adapter, et être au rendez-vous des nombreux chantiers à entreprendre afin d’apporter sa pierre à l’édifice, à savoir, la neutralité carbone en 2050
Il en va de même des entreprises et de l’industrie. Partenaires de jeu essentiels à qui la nouvelle organisation interne consacre une pleine direction, afin de faire entrer notre économie de plain-pied dans ce challenge. L’enjeu de l’économie de ressource, qu’elle soit de matière ou énergétique, doit devenir une boussole pour les acteurs économiques car c’est une des composantes clés de la compétitivité et donc du maintien de l’emploi sur notre territoire. C’est tout le sens des discussions entamées avec le Cercle National de l’Industrie afin d’établir des stratégies bas carbone pour le secteur de l’industrie, et demain pour le déploiement de l’économie circulaire dans le secteur.
2018 a aussi été l’année de la réactivation de notre Conseil scientifique ; j’y tenais beaucoup. Dans une période où les contre-vérités prospèrent, où la science est bousculée, il m’apparaissait important de lui redonner sa place dans un dialogue régulier - au travers de ce Conseil scientifique présidé par Laurence Tubiana - avec la direction de l’Agence. Sa composition hétérogène, où se mêlent science dite dure et science sociale, ainsi que de nombreux acteurs professionnels, est un gage de qualité et une assurance pour savoir penser en dehors des zones de confort. Dans la même logique, et à l’heure de l’ambition pour la neutralité carbone, j’ai décidé la création d’une direction exécutive Prospective et Recherche, dont le rôle - là aussi en partenariat - sera de préparer les futures transformations, mesurer leurs implications et impacts afin d’éviter de transformer l’opportunité qu’est la transition écologique en épisode anxiogène qui n’aurait pour conséquence que de retarder les décisions et les actions à entreprendre.
Cette dimension de prospective trouve naturellement un écho dans la nouvelle stratégie grand public que nous avons adoptée, et qui vise, de manière innovante, à répondre au besoin d’inciter les citoyens à un changement de comportement réel et durable, et ce, une fois encore, au-delà des cercles militants et déjà convaincus. Là aussi, un changement de posture de l’ADEME est nécessaire afin de répondre aux évolutions rapides de la société et de ses attentes. C’est aussi à ce niveau que sera traité le phénomène des « infox » qui touche particulièrement les enjeux de la transition écologique.
Je mentionnais le numérique un peu plus haut, l’ADEME ne pouvait ignorer un sujet qui modifie lourdement nos usages, nos comportements, l’organisation de la société. C’est pour s’emparer pleinement de ces opportunités, tout en étant conscient de la face négative du numérique, à savoir sa consommation énergétique, le rapport aux matériaux, que nous nous sommes lancés dans une ambition numérique, avec un chantier de transformation interne, dont l’objectif est simple : doter l’Agence des meilleurs standards, faire d’elle l’ambassadrice du lowtech et du numérique responsable.
Enfin, 2018 aura été une année chargée en projets et changements internes. Je sais les efforts fournis par chacune et chacun afin de faire aboutir des discussions qui furent parfois compliquées. Il en va ainsi de la vie des organisations, mais je veux aussi par ces lignes rendre un hommage sincère, aux Adémiens, et Adémiennes. Ce sont eux qui font la force et la qualité de l’ADEME. J’ai pleine confiance pour les années à venir.