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En contact avec la nature au quotidien, il n’est paradoxalement pas toujours facile pour les agriculteurs de s’atteler à la préservation de l’environnement, tant la pression économique est forte. Conjuguer leurs justes préoccupations économiques et les considérations environnementales, c’est l’esprit de la Loi Agriculture et Alimentation, votée en octobre 2018. Et c’est aussi ce qui motive l’action de l’ADEME auprès du monde agricole, plus que jamais décidée à le convaincre de passer à l’action durablement.

L’enjeu est de taille quand on sait que la France est la première puissance agricole de l’Union européenne et que l’agriculture compte pour 20 % des gaz à effet de serre du pays. L’agriculture dispose pourtant de solutions techniques pour stocker le carbone, substituer l’usage de ressources fossiles ou réduire les émissions de GES. Ces solutions sont génératrices d’économies et de bénéfices. A titre d’exemple, la production d’énergies renouvelables par les agriculteurs peut représenter jusqu’à 15 000 euros de revenus complémentaires par an…

La transition écologique : vecteur de rentabilité

Dans l’ensemble des secteurs économiques, les réticences individuelles et collectives constituent un obstacle majeur au déploiement de la transition écologique. Le domaine agricole n’est pas épargné, ce que l’on constate si l’on met en rapport le résultat d’études récentes – mettant en évidence que certaines actions techniques d’atténuation (enfouissement des engrais, fertilisation organique…) permettraient de réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole, tout en améliorant la rentabilité économique des exploitations – et la réalité du terrain, traduisant une certaine frilosité.

 

Le projet de recherche BANCO, intégrant modélisation économique, enquêtes de terrain (auprès d'agriculteurs, de techniciens et de conseillers) et une analyse des politiques publiques existantes, s'est ainsi fixé comme objectif d'analyser les freins et les mesures de déploiement des actions d’atténuation à coût négatif dans le secteur agricole.

 

Ses résultats publiés en 2018 révèlent que la majeure partie du potentiel d’atténuation se situe dans l’ouest du pays, en Bretagne et en Pays de la Loire, régions d’élevage offrant de réelles perspectives dans le cadre du déploiement de la méthanisation. Le Centre, région de production végétale, est également distinguée. Au-delà de cette cartographie, l’étude est parvenue à analyser les freins, à les distinguer les uns les autres. Une analyse fine, qui permettra sans doute, à l’avenir, de mieux accompagner les agriculteurs et d’ajuster les politiques publiques visant à les encourager.

Production d’EnR : effort payant

Autre domaine générateur de revenus pour le monde agricole : la production d’énergie renouvelable. C’est ce que démontre l’étude Agriculture et EnR, qui conforte la place de l’agriculture au cœur des énergies renouvelables.
De fait, le monde agricole en produit aujourd’hui autant qu’il consomme d’énergies conventionnelles, ce qui constitue par ailleurs une source de revenus supplémentaires non négligeables : 1,4 milliard d’euros, 2% du chiffre d’affaires des agriculteurs. Plus de 50 000 exploitations ont fait ce choix ; et ce n’est qu’un début. La quantité d’énergies nouvelles produites dans le secteur devrait doubler d’ici 2030, tripler d’ici 2050, portée par le développement de l’éolien, du biogaz et du photovoltaïque.

5Grand angle : pour une agriculture durable et pragmatique