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Nouveaux emplois, nouvelles activités : sur le plan économique, la stratégie nationale bas carbone est source d’opportunités. D’où l’intérêt pour l’ADEME d’accompagner les entreprises et les territoires, de soutenir les filières émergentes, dans une logique de développement durable.

Près de 4 millions de personnes travaillent aujourd’hui dans l’économie verte en France, dans quasiment tous les secteurs, métiers et niveaux de qualification, soit 14% de l’emploi national. L’ADEME a pour objectif de faciliter l’amplification de ce mouvement de fond.

Outre les études, l'ADEME aide aussi les entreprises à passer l'action, notamment les plus petites.

Bas carbone : accélérateur de croissance

Aider les entreprises à faire les bons choix constitue l’un des objectifs de l’ADEME. Ceci ne sera possible que si les entreprises disposent de garanties solides. C’est afin de combler leur besoin de perspectives, que l’ADEME produit des études prospectives et met à disposition des parties prenantes d’ingénieux dispositifs d’accompagnement.

 

L’étude, parue en mars, sur les opportunités des énergies renouvelables et de récupération dans l’industrie 1, fait partie de ce travail d’analyse et de mobilisation. Publiée à l’occasion du salon Global Industrie – associant l’ensemble de l’écosystème industriel – elle montre qu’il est possible de surmonter les freins vis-à-vis de la transition énergétique, et que l’investissement dans les énergies renouvelables et de récupération, représente de véritables perspectives technologiques et économiques. Recensant les technologies matures pour produire et autoconsommer de l’énergie sur un site industriel, elle présente l’ensemble des possibilités offertes aux industriels, secteur par secteur, en fonction des besoins et valorise la compétitivité des énergies de récupération. Elle détaille également les méthodes visant à intégrer ces EnR&R pour améliorer la performance énergétique et économique d’un site. L’enjeu est essentiel quand on sait que l’industrie est le 3e plus gros consommateur français d’énergie.

 

C’est dans la même logique que l’ADEME a conduit dans les Hauts-de-France une étude 2 sur la transition énergétique et les emplois. Celle-ci constitue de fait pour la région un vrai levier de développement économique et de créations d’emplois, puisque pour l'ensemble de ses trois secteurs à fort potentiel d'activité (énergies renouvelables, rénovation énergétique des bâtiments, transports et mobilité), un gain de près de 47 000 emplois supplémentaires entre 2015 et 2050, pourrait être envisagé. De quoi convaincre les décideurs…

 

Autre filière : la méthanisation, sous-exploitée en France, alors qu’elle est la meilleure voie pour atteindre les 10 % de gaz vert en 2030. L’ADEME a participé à un groupe de travail, créé par Sébastien Lecornu, alors secrétaire d’Etat. Un rapport a concrétisé ses travaux, assorti de 15 propositions, propres à professionnaliser la filière, accélérer les projets, soutenir financièrement les agriculteurs. 10 propositions ont été également faites pour le développement de l’éolien, sur le base des travaux d’un deuxième groupe.
Outre les études, l’ADEME aide aussi les entreprises à passer à l’action. Lancé fin 2017, le dispositif « TPE-PME Gagnantes sur tous les coûts » 3 a pour ambition d’embarquer 500 entreprises en deux ans. Plus de 300 s’étaient déjà engagées début 2019 ; 55 plans d’actions sont validés, avec parfois de spectaculaires bénéfices à la clé. Le principe du dispositif : un expert accompagne l’entreprise pendant un an pour identifier toutes les pertes d’énergie et de ressources, et trouver des solutions. Puisque le dispositif est gagnant à tous les coûts, ledit service n’est payé par l’entreprise que si les économies sont bien au rendez-vous.

 

Lancé cette année, le programme PROREFEI cible quant à lui de plus grandes structures. Son but : former 3 000 référents énergie dans l’industrie, d’ici fin 2020, qui contribueront à optimiser et maîtriser la consommation d’énergie dans leur entreprise, sachant que 10 à 20 % d’économies sur la facture énergétique peuvent être réalisées. Les premières sessions de formation, financées par le Dispositif des Certificats d’Économies d’Énergie, ont démarré en novembre.

 

1. Intégration des énergies renouvelables et de récupération dans l’industrie : à chaque secteur ses solutions, étude ADEME, mars 2018.

2. Transition énergétique et emplois au niveau local : une opportunité pour les territoires, Etude ADEME, en partenariat avec l’État, la Mission rev3, le Conseil régional et la Chambre de commerce et d’industrie régionale, septembre 2018.

3. Dispositif lancé par l’ADEME avec ses partenaires consulaires.

Adaptation au changement climatique : une opportunité supplémentaire

Si certaines activités et territoires ressentent déjà les effets du changement climatique, celui-ci impactera toutes nos activités d’ici peu. D’ici 2050, on prévoit une hausse des températures moyennes de 1,3 à 3°C, des vagues de chaleur plus fréquentes, des perturbations du cycle de l’eau. Pour l’ADEME, s’y préparer dès aujourd’hui est un impératif. Et peut-être une opportunité plutôt qu’une forme de renoncement.

 

Cette opportunité, le Parc naturel régional du Vercors s’en est par exemple emparé, en faisant basculer son offre touristique, autrefois dépendante d’une économie basée sur le « tout neige ». La Ville de Rennes constitue un autre exemple remarquable. En plein développement, elle a opté pour un programme d’économie d’eau, aboutissant à une baisse des volumes consommés de 30 %.
Pour aider ceux qui veulent anticiper, l’ADEME développe aussi des outils d’aide à la décision : Impact‘Climat, outil pédagogique et simple aidant les collectivités à entamer une réflexion sur l’adaptation, à travers la réalisation d’un pré-diagnostic de vulnérabilité ; Objectif’Climat, kit méthodologique permettant aux territoires de prioriser, calibrer, évaluer et séquencer leurs actions dans le temps. S’y ajoutent des outils spécifiques pour les agriculteurs. Pour les aider à s’adapter, l’ADEME soutient le projet européen AgriAdapt, qui intègre un outil de diagnostic de vulnérabilité pour les exploitations agricoles mais aussi les dispositifs régionaux de l’Observatoire Régional sur l’Agriculture et le Changement climatique (ORACLE) qui recueillent des indicateurs climatiques et agro-climatiques locaux.
Sur le plan stratégique, l’ADEME a contribué au 2e Plan national d’adaptation au changement climatique. Adopté en fin d’année, il a pour objectif de préparer notre société en impliquant les principaux secteurs de l'économie : l’agriculture, l’industrie, le tourisme, les territoires. Sur le front de l’adaptation, les chantiers sont nombreux. L’ADEME y prend toute sa part.

En régions

L’ADEME Bretagne mobilise en faveur des "métiers verts"

 

Véritable levier pour la croissance, les métiers de la transition écologique et énergétique sont en constante évolution. Ils constituent une opportunité à saisir et à développer, dans une logique où chacun pourra y trouver son compte : les entreprises, la société et l’environnement. C’est pour les promouvoir, mais aussi pour partager et renforcer une culture commune que l’ADEME Bretagne a organisé un colloque autour de ces métiers. Cet événement, qui s’est déroulé le 29 novembre, à la Maison des Associations de Rennes, a associé entreprises, acteurs de l’emploi, de l’orientation et de la formation. En parallèle, parce qu’il s’agit aussi d’être concret, un job dating a été organisé, rassemblant 13 entreprises. Il a permis de proposer 150 postes à pourvoir.

 

La Guadeloupe à l’heure de  l’adaptation

Hausse des températures, montée des eaux, érosion, sécheresses… La Guadeloupe est particulièrement touchée par les évolutions climatiques. Aussi s’organise-t-elle. Depuis plusieurs années, l’ADEME Guadeloupe participe à l’effort commun, à travers un appel à projets, conduit de concert avec la Région, l’Agence Française de Développement et la Caisse des Dépôts. Accompagner l’élaboration de stratégies d’adaptations aux changements climatiques est son objectif. Le dispositif, ouvert aux collectivités, porte déjà ses fruits sur le terrain, à la faveur de constructions de diagnostics de vulnérabilité, comme dans la Commune de Petit-Bourg, fortement menacée par les risques d’inondation. En 2018, l’appel à projets s’est élargi aux entreprises ; initiative favorablement reçue, puisque de grandes structures y ont répondu, à l’instar du Grand Port Maritime de la Guadeloupe.

Stratégie nationale bas carbone : l’ADEME table sur 900 000 emplois

3 à 4 points de PIB, 900 000 emplois, un pouvoir d’achat en hausse de 4 à 5 % : ce sont là les bénéfices que la France pourrait tirer, d’ici 2050, de la transition énergétique. Telles sont les conclusions de l’ADEME au terme de son évaluation de la nouvelle stratégie nationale bas carbone (SNBC). Evaluation menée avec le Commissariat général au développement durable, selon le modèle ThreeME1. A plus court terme, le rapport table sur un supplément de PIB de 1 à 2 % et 300 000 à 400 000 emplois en 2030, par rapport au scénario tendanciel.

 

Dans sa première SNBC, adoptée en 2015, la France s’était engagée à réduire ses gaz à effet de serre de 75 % d’ici 2050, par rapport à 1990. Réajustée et présentée fin 2018, elle vise désormais la neutralité carbone en 2050. Transmise à l’Autorité environnementale, cette nouvelle mouture fait l’objet d’une consultation publique afin d’être adoptée à l’été 2019.

 

1 – Modèle macroéconomique d’équilibre général multisectoriel d’inspiration néo-keynésienne, conçu pour évaluer les impacts macroéconomiques des politiques publiques, notamment énergétiques et environnementales.

5Une économie bas carbone, durable et performante